Le Département de l’Aude fait partie des 3 départements métropolitains les plus riches en flore grâce à la variété des altitudes, des bords de mer jusqu’au sommet du Madres (2468 m), et des milieux naturels comme de sa géologie (milieux acides et basiques). La variété de cette flore ne se résume pas à des différences de couleurs et de tailles de plantes, mais elle se révèle aussi au travers des périodes de floraison, qui démarrent pour quelques espèces dès ce mois de février.
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Tout botaniste, avide de découverte, peut se lancer dans des herborisations, concernant notre département. Et ce dans des climats méditerranéen, atlantique voire de type alpin, garants d’une biodiversité végétale remarquable.
Cette diversité peut donc se constater au travers des périodes de floraison. En effet, en ce début février, les premières plantes de garrigue fleurissent hors période de gel. Elles sont caractéristiques d’une végétation rase, soumises à des conditions climatiques extrêmes et s’étant adaptées en conséquence.
Il est possible de découvrir deux types de plantes, patrimoniales et protégées par la loi, qui démarrent leur floraison en ce moment pour les espèces les plus précoces. Elles sont très discrètes, de taille modeste mais pour un œil averti, elles colorent les garrigues à végétation de type herbacée.
Les gagées, de petits bulbes développant de belles corolles jaune d’or
Petites plantes bulbeuses et graciles appartenant à la famille des Liliacées, les gagées sont hautes de quelques centimètres (3 à 25 cm selon les espèces), illuminant, telles des milliers d’étoiles jaune d’or, les pelouses méditerranéennes des Corbières et de la Montagne Noire, les affleurements rocheux avec un peu de terre, voire les lisières de certaines forêts. Certaines espèces apprécient les sols calcaires, d’autres les sols siliceux
Alzonne est la commune la plus à l’ouest de leur aire de répartition, le piémont de la Montagne noire comprend de belles stations (commune de Roquefère par exemple) jusqu’aux limites sud des Corbières audoises avant d’arriver dans les Pyrénées-Orientales.
Sept espèces sont présentes dans le département, dont six protégées, sachant que ces petites plantes n’apprécient pas la concurrence ! Si les arbustes, les arbres et même des plantes herbacées plus hautes qu’elles leur font “ombrage”, elles disparaîtront… Ainsi, le passage de troupeaux pourra les aider à coloniser des pelouses sèches encore assez rases. Le piétinement comme le passage d’engins à roues (motorisés ou non), ainsi que le surpâturage leur sera par contre fatal.
Déterminer les espèces précises de ces petites plantes peut s’avérer compliqué du fait de leur morphologie variable et de leur faible taux de floraison (moins de 40% des individus en fleur sur le site) : il peut même être nécessaire de vérifier l’anatomie des organes souterrains et des feuilles basales. Les feuilles, par la photosynthèse, vont permettre aux bulbes d’emmagasiner des réserves afin de passer la "mauvaise saison", soit l’été aride, sous terre avant de renaître pendant l’hiver .
L’ail petit Moly, des feuilles en rosette à ras de terre d’où émergent de délicates fleurs blanches
Cette plante de 4 à 10 cm de haut, que l’on retrouve seule ou en groupe fait bien partie de la famille des aulx tant sauvages que cultivés. Sa physionomie est par contre particulière : les feuilles se disposent en forme de rosette, au ras du sol, assez étalées, et les fleurs sont regroupées au centre de cette rosette. Même si cette plante pousse au sein de garrigues basses, de pelouses méditerranéennes, il faut avoir l’œil pour les remarquer entre la couleur des feuilles se fondant dans le paysage et la taille modeste des fleurs. Après floraison, le pédicelle portant les fleurs fanées puis les fruits va pousser et se recourber pour … enfouir les fruits !
Présente sur tout l’ouest de la Méditerranée, cette plante se retrouve en France également dans le département des Pyrénées-Orientales, en Corse et dans le Var. Plus particulièrement dans l’Aude, il sera possible de l’observer dans le piémont de la Montagne noire, dans les Corbières ainsi que le Narbonnais, Alzonne étant la commune la plus à l’ouest du département comportant de très belles stations. Ces plantes peuvent également être menacées par le piétinement, le passage d’engins à roues, le surpâturage comme la fermeture des milieux par l’arrivée d’arbres et d’arbustes.
Même en plein hiver, les investigations botaniques de plantes en fleurs, rares et protégées sont donc possibles, il convient d’être prudent lors des observations pour ne pas piétiner ces fleurs au développement particulier, adapté à leur environnement.
Merci à Daniel Vizcaïno pour ses photos et ses précieux conseils et repérages.