L'azuré de la croisette : un "ménage" à trois...

Le cycle de reproduction de ce papillon est singulier car il utilise la gentiane croisette comme plante hôte pour déposer ses œufs, et une fourmi du genre Myrmica pour recueillir sa larve durant la mauvaise saison.

Cette plante sert à l'alimentation de la chenille de cet azuré, sur laquelle les adultes pondent leurs œufs. Elle s’épanouit sur les pelouses et lisères sèches ensoleillées. La chenille se laisse ensuite emporter par des fourmis dans leur fourmilière et après 10 à 22 mois, elle se transforme en chrysalide donnant naissance à un papillon : un superbe exemple de "co-évolution" !

... qui s’interrompt si le milieu naturel change

Cependant, la fermeture des milieux notamment par régression des activités pastorales engendre la disparition de la gentiane et par conséquent de l'Azuré de la croisette. C’est ainsi que, depuis 2015, la mairie de Mazuby collabore avec le Conservatoire des espaces naturels d’Occitanie pour préserver ces espèces et ces habitats, en mettant en place des inventaires, des actions de restauration de prairies et des actions de sensibilisation, le tout en collaboration avec Jean-Jacques Mathieu, éleveur sur la commune.

Les premières initiatives pour favoriser le maintien du papillon

Pour débuter, une convention de pâturage a été signée en 2016 entre le Conservatoire, la commune et Jean-Jacques Mathieu en tant que représentant de la ferme de Mazuby. Il a été décidé, sur certaines de ses parcelles, de mettre en place un calendrier de pâturage et un exclos ponctuel lors de la période de floraison de la gentiane croisette et du vol du papillon : ceci permet d'assurer un entretien des milieux ouverts favorables à la fleur, en évitant d’impacter les populations de Phengaris alcon rebeli.

Par la suite, grâce à l’intervention de deux classes des lycées agricoles locaux, un chantier de débroussaillage des zones d’ourlets en bordure de chemins a été réalisé en avril 2017, renouvelé en mars 2024 sur les zones qui concentrent la plupart des pieds de gentiane croisette du site (abattage de pins + débroussaillage de prunelliers).

Un comptage exhaustif des pieds de gentiane et des œufs pondus par les azurés de la croisette présents sur le site a été régulièrement réalisé afin d’évaluer l’effet de la gestion par réouverture du milieu et pâturage. Près de 230 pieds de gentiane croisette ont été recensés sur ce secteur en 2023, ce qui représente une réelle augmentation par rapport à l'année précédente.

Des panneaux pédagogiques pour sensibiliser habitants et visiteurs

L'ensemble de ces actions ont été réalisées avec le concours financier du Département, dans le cadre de sa politique espaces naturels sensibles et du Life Biodiv’paysanne. Ce partenariat fructueux a également permis d’envisager la création, la pose de panneaux de présentation de ces actions.

La mairie de Mazuby et le Conservatoire ont ainsi donné rendez-vous le 18 juin dernier aux partenaires de ce projet - Département, agriculteur, habitants de la commune - pour une visite de présentation des travaux et pour l’inauguration des panneaux de présentation du cycle de vie de ce papillon. La jeunesse était aussi au rendez-vous, avec la présence d'une classe de primaire de Galingagues. 

Favoriser les actions qui permettent de rapprocher naturalistes et agriculteurs

Francis Savis, maire de Mazuby, a salué le partenariat que le conseil municipal a passé avec le Conservatoire des espaces naturels et les éleveurs de la ferme de Mazuby. L’idée étant, selon lui, de prendre en compte la biodiversité importante sur la commune, en la restaurant, en la protégeant et en faisant appel aux agriculteurs locaux, qui développent l’une des principales activités économiques de Mazuby.

Cindy Montech, pour le Conservatoire des espaces naturels, a présenté toutes les actions qu'il mène, entre inventaires naturalistes, travaux et actions de sensibilisation, faisant appel pour cela aux classes primaires locales mais aussi à différents lycées agricoles.

Jean-Jacques Mathieu en tant qu’éleveur, a quant à lui précisé qu’il exerce son métier en agriculture biologique depuis 24 ans en éliminant également toutes molécules chimiques pour le traitement de ses vaches. Son exploitation emploie sa femme et son fils ainsi que trois salariés. La ferme travaille également sur la production de légumes, avec l’ambition de fournir les cantines, Ehpads et autres établissements hospitaliers en produits locaux de qualité.

Des prairies diversifiées et riches en nombres d’espèces florales attirant tout un cortège d'insectes pollinisateurs sont pour l'éleveur la garantie d'une production de qualité pour son élevage, avec des bovins en bonne santé.

Joëlle Chalavoux, conseillère départementale du canton de la Haute-vallée, a terminé cette présentation en saluant ce travail partenarial, encourageant toutes les actions qui permettent de rapprocher naturalistes et agriculteurs.